Intérêt d’un Diagnostic de Performance Eau
Sur Terre, moins de 3 % de l’eau est de l’eau douce. Pollution, eutrophisation (algues vertes), résidus médicamenteux, la rendent impropre à la consommation pour tous les êtres vivants. L’étalement urbain et l’artificialisation des sols entravent la reconstitution des nappes phréatiques.
Le dérèglement climatique impactera aussi le cycle de l’eau avec une augmentation des fréquences et de l’intensité des situations de tensions.
Dans ce contexte, s’interroger sur les différents axes d’amélioration de la gestion quantitative de l’eau vise à retrouver un équilibre entre sa disponibilité et sa consommation surtout en périodes de raréfaction.
La gestion quantitative de l’eau douce peut s’articuler autour de la :
- Réduction de la consommation
- Diversification de la ressource
- Réduction des rejets de produits toxiques
- La prévention des pénuries en réduisant l’artificialisation des sols et en plantant des arbres
L’usage domestique, un vivier d’économie dans la gestion quantitative de l’eau
La consommation d’eau se ventile sur quatre secteurs : agricole 45%, refroidissement des centrales électriques 31 %, domestique 21 % et industrielle 4 %.
Le secteur domestique comprend les utilisations domestiques et municipales ainsi que l'utilisation commerciale et gouvernementale de l'eau.
Si l'agriculture est le plus gros consommateur d'eau, la note de synthèse du 12 avril 2022 souligne que malgré son évolution nécessaire vers un système agricole plus sobre en eau, les gains seront contrebalancés par des mécaniques d’effet rebond. Cet effort de sobriété ne pouvant pas reposer outre mesure sur les agriculteurs, l’usage domestique est un vivier d’économie réalisable rapidement et au long cours. Comme le sous-secteur du tourisme pèse sur la consommation au moment où la ressource est plus rare, il pourrait être considéré comme prioritaire dans le secteur domestique. Plus généralement, il faut chauffer une partie de l’eau domestique. La stratégie de réduction de la consommation d’eau domestique s’inscrit aussi dans les objectifs de transition énergétique de 2050. Ces économies du secteur domestique peuvent être réalisées via :
- L’amélioration du réseau de distribution d’eau potable qui connait un taux de perte moyen d’environ 20 %. C’est une stratégie essentielle mais si elle atteignait 100 % d’efficacité elle reste plafonnée à 20 %.
- L’adoption du comportement plus économique constitue également une source d’économies potentielles. Cependant, le ratio entre les économies effectives et les efforts de communication engagés pour les atteindre reste incertain, tout autant que la continuité dans le temps des résultats obtenus. Cette solution s’adaptera aux situations ponctuelles de crise.
- Le déploiement d’équipements plus sobres pouvant reposer sur l’exclusion du commerce des systèmes peu performants ainsi que le remplacement des équipements existants par des systèmes économes. La durée de vie de 10 à 30 ans de ces équipements inscrit cette approche dans une gestion d’anticipation des tensions hydriques.
Standardiser et inciter par la création d’un Diagnostic de Performance Eau
À l’instar du Diagnostic de Performance Énergétique, la distribution de l’eau lors d’un usage domestique se répartit sur un nombre limité de types d’équipements dont les connecteurs sont normés.
Dans le contexte international de raréfaction de l’eau, les fabricants innovent continuellement pour réduire la consommation des équipements sans pour autant compromettre l’expérience utilisateur.
Ces innovations peuvent apporter une réduction significative de la consommation, par exemple :
- La consommation d’un lieu d’aisances est de 15 litres/chasse en moyenne quand un équipement hydro-économe permet d’obtenir 3,6 litres en moyenne. D’autres équipements plus performants sont disponibles mais ils n’ont pas été considérés dans cette analyse car ils ne s’adaptent pas à toutes les contraintes structurales du bâti (exemple, évacuation verticale).
- Le débit moyen d’un pommeau de douche est de 16 litres/minute quand des équipements économes atteignent aisément 3 à 5 litres/minute.
- Le débit moyen de la robinetterie atteint 15 litre/minute alors que les nouveaux modèles de mousseurs abaissent le débit à 1 litre/minute.
- Pour un usage domestique extérieur, l’installation de collecteur d’eau de pluie peut palier à l’utilisation de l’eau potable tout en créant des réservoirs de stockage.
- L’électroménager reste une source d’économie mais la quantité importante d’eau virtuelle nécessaire à la fabrication d’un produit rend le remplacement d’un équipement fonctionnel peu envisageable (par exemple, l’eau nécessaire à la fabrication d’une machine à laver représente 60 % comparativement à l’eau consommée lors de son fonctionnement).
60 % d’économie !
Ci-dessus, la répartition moyenne dans l’habitat et les économies réalisables si l’on déploie des équipements hydro-économes.
L’économie globale d’eau potable peut atteindre 60 % pour un coût de matériel estimé à 900 €.
Pour une occupation moyenne de 3 habitants/logement, la facture d’eau s’élève à 670 €/an au tarif moyen de 4 €/m3.
À la différence de l’économie d’énergie, le faible investissement et le temps d’amortissement très rapide des équipements permet d’envisager un auto-financement des équipements par les propriétaires.
En 2023, le gouvernement applique 53 mesures du « Plan Eau » pour valoriser les économies d'eau que ce soit pour les collectivités, les entreprises et bien sûr les particuliers.
La création d’un Diagnostic de Performance Eau renforcerait les mesures déjà engagées notamment l’empreinte eau des produits et services.
Au même titre que le Diagnostic de Performance Énergétique, un Diagnostic de Performance Eau associé à un plan d’amélioration faciliterait le déploiement des équipements hydro-économes. Au regard des disparités des approches quant aux méthodes à appliquer pour économiser l’eau domestique, le Diagnostic de Performance Eau uniformiserait les discours.
Par sa simplicité de compréhension et la valorisation de la valeur d’un bien immobilier, cette mesure pourrait être incitative et rentable pour les propriétaires fonciers.
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