Objectif 2 tonnes, retour d'experience
Et vous, vous feriez quoi pour
360 000 € net d'impôt ?
Actuellement, l’empreinte carbone moyenne d’un français est de 10 tonnes CO2 equ/an/habitant.
2 tonnes de CO2 equ/an/habitant, c’est l’empreinte carbone moyenne par habitant que nous devons atteindre en 2050 pour limiter le réchauffement climatique à moins de + 1,5°C d’ici la fin du siècle.
Des ateliers de sensibilisation tels que la fresque du climat ou l’atelier 2 tonnes sont des outils dédiés à la prise de conscience et à la mise en œuvre individuelle de la stratégie bas carbone.
Mais cet objectif individuel de 2 tonnes de CO2 équivalant est-il réaliste ?
A travers ce récit d’une expérience de vie, découvrez un exemple des étapes de sa mise en œuvre, les contraintes et bien évidement les bénéfices.
Dans le graphique ci-dessus de Carbone4 et MyCO2, l’empreinte carbone moyenne d’un français se découpe en 5 grands postes d’émissions :
- transport
- alimentation
- logement
- consommation
- dépenses publiques
Cet organisme propose gratuitement un calculateur d’empreinte carbone pour les particuliers.
Ce récit apporte un retour d’expérience sur ces 5 grands postes d’émissions ainsi que quelques anecdotes qui peuvent participer plus globalement à la démarche.
Le dernier chapitre fait le bilan des émissions globales atteints et de l’économie financière réalisée.
Premier poste d’émission de CO2 : la voiture, mais alors quelles alternatives ?
2 tonnes/an de CO2 equ/personne
À elle seule, la voiture émet 2 tonnes/an de CO2 equ/personne et engloutit 550 euros/mois ! Depuis que je l’ai vendu je n’ai plus cette charge et ma place de parking me rapporte…
Ne pas avoir de voiture aurait été compliqué il y a encore quelques années mais j’ai réussi grâce à la multi-mobilité :
- Le vélo pour la santé. Les modèles électriques ne manquent.
- Les transports en commun où les temps perdus à attendre le bus se sont transformés en temps d’échanges inoubliables avec mon enfant qui a eu 100 % de mon attention et des contacts humains (ce qui est impossible en voiture) (33 euros/mois, gratuit pour les enfants en Occitanie).
- Uber 2 à 4 fois/mois quand il pleut ou que je suis trop chargée et dont la flotte de véhicules passe à l’électrique. Je traverse la ville pour moins de 20 euros (soit 60 euros/mois) et je fais travailler des locaux.
- La possibilité de se faire livrer les grosses courses à domicile, en décidant de vendre la voiture j’avoue que ma plus grande peur été de mourir de faim…Un point à améliorer côté distributeur c’est que je dois insister pour rendre les lots de sacs de livraison aux livreurs, qui sont trop souvent en plastique et qui pourrait être en tissus lavable et consignés…
- Pour les trajets longs en France et en Europe le train bien évidement et à ma grande surprise Blablacar qui dessert même les petits villages quand le personnel de la SNCF est en grève…
Et voilà, pour les transports j’émets 0,3 tonnes au lieu de 2,6 tonnes soit 2,3 tonnes CO2 equ/an de moins avec une vie pas plus compliquée car je n’ai plus besoin d’aller au garage, faire des déclarations d’assurance et j’en passe !
Pour compter très large j’ai un budget de 200 euros/mois au lieu de 550 euros soit 350 euros d’économie, du coup s’il on fait le calcul cela corresponds à 180 600 euros sur 43 ans… Un peu de pédalage quotidien vaut bien un logement gratuit pour mon départ à la retraite…
Deuxième poste d’émission de CO2 : le gaz et le fioul dans le logement, utilisés principalement pour le chauffage et la cuisson
1,2 tonnes/an de CO2 equ/personne
Par chance j’étais déjà les chauffages en électrique… mais pour répondre à la demande en électricité lors des heures de pics de consommation, nous avons recourt aux centrales au gaz et au charbon allemandes pour la produire. Dans tous les cas, ce gaz, ce charbon et l’uranium ne sont pas européen…pas besoin de vous raconter la suite de l’histoire prévisible que nous vivons depuis 2 ans.
Après un effort pour réduire ma consommation électrique en achetant des chauffages électriques à briques réfractaires, une plaque électrique à induction, sans oublier l’isolation, etc., j’ai finalisé ma démarche par l’installation de panneaux solaires dont je partage mon retour d’expérience ci-après :
- Etape 1 : faire 3 devis, étape facile il suffit de prendre rendez-vous. J’ai reçu une proposition à 8987 et à 6500 euros
- Etape 2 : choisir un devis. C’est une étape difficile quand on la prend au sérieux et c’est certainement la plus importante. J’ai passé une petite dizaine d’heures à étudier comment fonctionne les panneaux solaires pour essayer de comparer les devis. J’ai fini par contacter un des fabricants pour soumettre mes questions techniques. Après avoir passé la barrière téléphonique car ils ne traitent qu’avec les installateurs, j’ai eu un profil technique qui au vu de mes efforts évidents a accepté de me répondre pendant 1h ! Il m’a recommandé de passer par l’installateur du panneau solaire concurrent car si la qualité des panneaux étaient similaires, la qualité des onduleurs étaient bien meilleures sur le premier devis ce qui reflétait un plus grand professionnalisme et une tranquillité sur le long terme.
- Etape 3 : après un mois d’attente, le dossier envoyé par l’installateur a été accepté par la mairie. L’installation s’est faite comme convenue avant la signature dans les délais de 4 mois (février 2023 juste au début de la crise). Les travaux ont duré deux jours où j’ai apprécié d’être présente car j’ai découvert les fameux ondulateurs.
- Etape 4 : raccordement au réseau pour revendre le surplus. Entièrement assurée par l’installateur, elle a pris 4 mois de plus environ. L’installateur a pris le temps nécessaire pour me présenter mon interface de suivi de production. Il m’est plus facile de détecter les appareils énergivores avec cet outil.
- Etape 5 : depuis l’installation je me réjouis de ne pas être trop impacté par la crise énergétique et je me réjouis de voir que les nouveaux contrats de revente du surplus sont encore plus lucratifs même si le mien est déjà signé. Et voilà ce n’était pas si compliqué, juste un peu long !
Bilan :
- 8987 euros d’achat du panneau solaire (12 900 euros ramené à 43 ans) + assurance non obilgatoire de 4 300 euros (sur 43 ans)
- 30 % d’autonomie énergétique (soit 900 euros/an environ)
- Vente d’énergie première année 306 euro et 211 euros la deuxième année (moyenne 258 euros/an)
- 1500 euros de prime
- dépenses publiques
La durée de vie des panneaux est de 30 ans, leur changement sera bien moins coûteux car les racks sont standards et le tableau électrique dédié dure 60 ans mais je suis repartie sur la même base de tarif car il faut aussi considérer le changement des onduleurs en fonction des modèles.
Et voilà pour le logement j’émets 0,6 tonnes au lieu de 1,9 tonnes soit 1,3 tonnes CO2 equ/an de moins avec la sérénité de moins m’inquiéter des crises de l’énergie et surtout la fierté de participer à l’autonomie énergétique de la France !
L’argent sur mon toit me rapportera 34 000 euros sur 43 ans (sans considérer l’augmentation du prix de l’énergie…) alors que si j’avais laissé la même somme sur mon livret A à 3 % je aurai gagné 32 000 euros (incluant capital initial)… une opération quasiment blanche mais l’augmentation du prix de l’électricité me semble plus probable que celui du taux du livret A.
Côté économie d’électricité, des chauffages plus performant et une meilleure isolation optimiserait aussi ce post d’émission et de dépenses mais les calculs sont plus complexes et individualisables.
Troisième poste d’émission de CO2 : la consommation de viande, principalement liée à la viande de bœuf
0,9 tonne/an de CO2 equ/personne
Pour résumer mon sentiment par rapport à ce poste d’émission : quand « Tyrex doit devenir végétarien », ça a été clairement le poste le plus difficile à réduire !
- Etape 1 : Méditer pendant 6 mois pour trouver le courage.
- Etape 2 : En plus d’adorer les steaks saignants, mon sentiment est qu’il n’est pas improbable, que je souffrais d’une addiction à la viande… J’ai opté pour une baisse progressive de ma consommation de viande, en éliminant quasiment la viande de bœuf au profit de œufs. Les premiers mois ont été difficiles mais maintenant je n’en ressens plus le manque. La possibilité de trouver des substitues comme des tranches de jambon au pois chiche est une aide précieuse.
- Etape 3 : Ma consommation excessive de viande reposait aussi par sa simplicité à la cuisiner… Apprendre des recettes sans viande est un facteur de succès et constitue une motivation à apprendre à cuisiner tout cours…
Et voilà pour l’alimentation j’émets 1,5 tonne au lieu de 2,4 tonnes soit 0,9 tonne CO2 equ/an de moins avec le plaisir d’avoir pris des cours de cuisine ! Il me reste une marge de progrès sur ce poste…
Côté budget alimentaire la viande est le premier poste du budget alimentaire (23 %) soit 270 euros/mois pour trois personnes. Avec une réduction de moitié, j’économise 70 000 euros en 43 ans de travail…
Quatrième poste d’émission de CO2 : j’achète pour la maison
0,5 tonne/an de CO2 equ/personne
Cela va à l’encontre de nos aspirations consuméristes, j’applique les 5 R de l’économie circulaire :
- Refuser : de céder à la tentation du nouveau quand on a déjà, c’est compliqué mais faisable
- Réduire : je me suis détaché des trois quarts de mes affaire grâce à une démarche minimaliste (moins d’objets amènent à moins de placards qui amènent à moins de m², etc.)
- Réutiliser/réparer : il y a quelques années j’ai pu me constituer sur la plateforme de seconde main Leboncoin côté Paris 7ème une collection de pulls en cachemire 2 fils dont personne n’a jamais soupçonné l’origine… Quelques années plus tard, une horde de mites est tombée en admiration devant ma précieuse collection…de toute évidence et en dépit de notre éloignement génétique nous partageons un goût commun dans le choix de la qualité des tissus…Mes compétences en couture ne m’ont pas permis de réparer mes vieux et précieux pulls mais après plusieurs essais j’ai fini par trouver une couturière digne de ce nom, et personne ne soupçonne qu’ils ont déjà de 10 ans, qu’ils ont été acheté d’occasion et qu’ils ont été reprisés ! Côté achat de meuble, sur Leboncoin environ un tiers des gens ont accepté de me livrer (avec ou sans petit supplément) et j’y ai toujours trouvé plus de choix !
- Recycler
- Rendre à la terre : quand j’acquière un objet j’ai conscience qu’il ira à la décharge ou dans l’atmosphère (incinérateur). Comme in fine je finirai par le manger ou le respirer, je privilégie les produits moins toxiques : sans batterie par exemple (pour une tondeuse à cheveux)
Et voilà, j’émets 0,1 tonne au lieu de 1,6 tonne soit 1,5 tonne CO2 equ/an de moins avec le plaisir d’avoir :
- Porter des vêtements qui valent très chers et que je chérie
- Faire travailler des locaux
- Rencontrer des gens formidables
- Aider des concitoyens à récupérer quelques ronds
- Contribuer à faire baisser la charge que représente mes déchets sur nos impôts
Côté budget vêtement, même si je les garde plus longtemps ou que je les achète d’occasion, je ne fais pas d’économie par rapport à la moyenne nationale (55 € /mois) car je mise sur du haut de gamme.
Pour les équipements maison j’ai un budget de 20 € /mois au lieu de 70 € soit 50 € d’économie mensuelle ce qui correspond à 25 800 € sur 43 ans…
Travailler plus pour gagner plus ou dépenser moins pour travailler moins ?
Voici le bilan de mon parcourt de 10 tonnes à 2 tonnes de CO2 equ/an.
En tant que bon manager de projet il faut accepter qu’il est impossible de tout faire en même temps mais prioriser et planifier son plan d’actions.
Pour faire le bilan des chapitres précédents :
- Premier poste d’émission de CO2 : la voiture, j’ai opté pour un mixte Vélo, transport en commun et Uber. Résultat : 2,3 tonnes CO2 equ/an de moins et 180 600 euros sur 43 ans…
- Deuxième poste d’émission de CO2 : le gaz et le fioul dans le logement, j’ai opté pour le full électrique performant, les panneaux solaires et l’isolation. Résultat : 1,3 tonnes CO2 equ/an de moins et 34 000 euros sur 43 ans (sans considérer l’augmentation du prix de l’énergie…). Je n’ai calculé que le bénéfice financier des panneaux solaires. Le bénéfice des travaux d’isolation et des appareils performants est plus difficile à chiffrer, je vous fais grâce de ce montant même si cela donne aussi une plus-value à la maison.
- Troisième poste d’émission de CO2 : la consommation de viande (0,9 tonnes/an de CO2 equ/personne) que j’ai beaucoup réduite où je privilégie le poulet ou les œufs. Résultat : 0,9 tonnes CO2 equ/an de moins et côté budget alimentaire j’économise 70 000 euros en 43 ans de travail…(pour 3 personnes)
- Quatrième poste d’émission de CO2 : j’achète pour la maison, où j’applique simplement les règles de l’économie circulaire Résultat : 1,5 tonnes CO2 equ/an de moins et 25 800 € sur 43 ans (soit 77 400 € pour 3 personnes)…
Bilan total : je suis à 4,17 tonnes de CO2 equ/an au lieu de 10 tonnes en moyenne pour un français !
Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas encore atteint les 2 tonnes.
Mais sur ces 4,17 tonnes, 1,4 tonne relève de la dépense publique sur laquelle je n’ai pas directement la main. Il y a un planché que je pourrai percer qu’en engageant mes concitoyens (d’où la création de mon activité d’accompagnement sur chlorodia.com). Côté budget, à l’échelle de 43 ans, j’économise environ 360 000 euros ! (net d’impôt car j’ai déjà payé l’impôt dessus…)
Et vous, vous feriez quoi pour toucher 360 000 net d’impôt ?
P.S. : le patrimoine net moyen des français à l’âge de la retraite est de 315 000 euros (source INSEE)…
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